MONUMENTALES
Restauration des vitraux de Notre Dame de Paris
6, rue du 24 avril 1915 – 69150 Décines
Église apostolique arménienne Sainte-Marie
De 1980 à 2014, l’atelier Vitrail Saint-Georges, dirigé par Joël Mône, était rompu aux travaux de restauration dans les monuments historiques (cathédrale Saint-Jean, basilique d’Ainay, etc.).
À la suite de la publication de l’ordonnance sur la liberté des prix et la concurrence, en 1986, il a fallu s’adapter à des contraintes administratives de plus en plus importantes et complexes. Conséquences : la réorganisation de l’atelier et l’augmentation du personnel nous a permis d’accéder à des marchés de plus en plus prestigieux et volumineux.
Après la restauration des 770 m² de vitraux de la coupole des Galeries Lafayette, à Paris, parmi d’autres commandes, deux lots pour la restauration des vitraux du chœur et de la sacristie de la cathédrale Notre-Dame (d’une surface totale de 450 m²) nous ont été confiés.
L’effondrement de la flèche construite par Viollet-le-Duc a eu pour conséquence de crever la voûte de l’édifice. Par miracle, si les fumées ont totalement obscurci l’intérieur, mais aussi les vitraux, il n’y a pas eu d’autres dégâts plus importants.
Le travail sur les vitraux a consisté à les déposer, les amener à notre atelier, puis à procéder à leur restauration et à leur repose. Après le nettoyage de ce qui était dû, non seulement à leur enfumage lors de l’incendie, mais aussi aux dépôts redevables à leur temps d’exposition aux aléas atmosphériques, nous en avons profité pour restaurer les pièces cassées, fournir les pièces manquantes et palier la fatigue des plombs anciens qu’il nous a fallu consolider.
Nous nous sommes adjoints les compétences d’une technicienne de la C.R.B.C (Conservation-Restauration des Biens Culturels) et les ingénieurs du laboratoire de recherche des monuments historiques de Champs-sur-Marne ont fait le déplacement jusque dans nos locaux pour nous donner leurs directives sur les procédures de restauration à appliquer.
Ces « grisailles » commandées par Viollet-le-Duc sont de belle facture. Pour les réaliser, le travail a consisté, à l’aide d’un pinceau à lettre ou à filet, à appliquer de la grisaille (une peinture vitrifiable à 620°, composée de battitures de verre et de fer brûlé sur le bord de la forge (dixit le moine Théophile, dans son traité de l’art, De diversis artibus, datant du XIIe siècle). Posées en petites lignes serrées et croisées sur les fonds d’arabesques et de feuilles d’acanthe, elles forment un treillis qui tamise la lumière sans l’occulter, exactement comme le fait un moucharabieh, et que, dans les ateliers, l’on désigne sous le nom de « cages à mouches ».
L’usure du temps a fait que les verres se sont peu à peu dépolis. Au XIXe siècle, époque d’un retour à l’engouement pour le vitrail, les verriers ont créé de nouvelles verrières et appliqué une patine qui rendait ces grisailles translucides (*).
S’il était courant, à cette époque, de les réaliser à l’aide d’un pochoir, l’atelier parisien Didron, qui avait exécuté la commande, les avait réalisés à l’ancienne, c’est-à-dire ligne par ligne.
Ce sont les mêmes « grisailles » qui font polémique aujourd’hui quant à leur remplacement par des vitraux contemporains. Ce désir de l’évêque de la cathédrale est soutenu par le président de la République.
Un appel d’offre à candidature, auquel nous participons, a été lancé. Nous ne désespérons pas d’être sélectionnés, mais le seul fait d’y répondre est pour nous un sujet de satisfaction et, déjà, une belle aventure.